ENCRES

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 Ce sont de brefs poèmes dans une prosopopée, mot qui désigne des oeuvres hallucinées, rappellent Apollinaire et les amantes perdues de ses évocations rhénanes. Ou Michaux drogué dans sa chambre ovale, saisie surréaliste de drames et de rencontres dans les décors de notre vie intime.  Ou voici plus musicalement les masques et bergamasques du Verlaine des jets d’eau, une reine des abeilles dans une mandorle, une beauté dans un harem princier, nue et voilée entre des colonnes de fleurs, des maisons de branchage dans une île du bout du monde sous un pesant nuage de mousson…Bertil Galland

Gardien I le mensonge

Une œuvre est née qui a développé une continuité dynamique par une succession de surprises. C’est un déroulement à la manière d’un spectacle scénique. Le temps demeure figé dans un tableau bien cadré mis le voici en fuite d’un bandeau à l’autre.

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Mais quelle est cette population qui bondit en ce décor ? Dans quel monde ? Portant quel message ?Pour répondre, une confidence. A cette époque, les conversations avec Marie-José Imsand pouvaient être déconcertantes. Son atelier se situait et se trouve encore dans une cabane inattendue, flanquée de quelques arbres fruitiers mais cachée et dominée par d’anciens immeubles locatifs d’un quartier de Lausanne on ne peut plus urbain, entre l’avenue de France et celle d’Echallens. Quand elle allume son poêle en  ce refuge, aux parois de bois tapissées d’oeuvres en cours, on se croirait en forêt. On parle, on cherche à convaincre l’artiste de retourner les peintures posées au sol et, dans les moments privilégiés, ce qu’elle nous dit prend son envol. On accède à des sphères de lectures, d’émotions, de formes, de mots en ébullition, de souvenirs discrètement évoqués, de réflexions techniques, d’espoirs, de propos familiaux, de communications portées par des forces indéfinissables. Elles font tourner la tête. On tente de suivre.  On aspire à percer le secret. Or le 14 octobre  1993, jour où je découvris sur sa table le papier de Chine couvert de dessins tout au long de seize bandeaux (une dizaine ne me furent pas montrés), je fus frappé par leur cohérence, par leur beauté, par l’élan qui parcourait toutes ces explorations de l’imaginaire et leur conférait leur unité. Bertil Galland

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